Les élèves de 2de ASSP ont rencontré l’écrivaine Fanny Chiarello

Avant de rencontrer l’une des deux autrices au programme, les élèves devaient lire deux livres : la BD « La saison des roses » de Chloé Wary (2019, éditions FBFLB) et « La geste permanente de Gentil-Cœur », road-trip poétique, écrit par Fanny Chiarello. Cette dernière y raconte son périple à vélo pour retrouver une joggeuse, à la manière d’une chanson de geste : dans ce livre inclassable, écrit sans ponctuation, chaque élève devait choisir un extrait amusant et poétique pour composer ensuite une sorte de vidéo-poème, mêlant les mots de l’écrivaine à des petites diapos réalisées avec leurs photos, vidéos et autres petits montages.

La transcription complète de l’interview est à retrouver ci-dessous. La geste permanente de Gentil-Cœur est à retrouver au CDI, aux éditions de l’Attente, ou sur le site de l’écrivaine : Silence radieux – Le vide-poche de Fanny Chiarello

Fanny Chiarello – Depuis très longtemps, j’ai des souvenirs du collège mais j’ai écrit mon premier roman en Première, je l’ai montré à ma prof de français mais j’avais tellement peur du regard de mes parents que je l’ai jeté.

Fanny Chiarello – A 25 ans.

Fanny Chiarello – Je l’ai écrit en 2019, en “temps réel”, chaque jour de “permanence” au parc et je l’ai publié deux ans plus tard, en 2021 mais comme on sortait de périodes de confinement, j’ai cru qu’il ne serait jamais publié.

Fanny Chiarello – C’est une idée de l’éditrice que j’ai trouvé chouette.

Fanny Chiarello – On m’avait commandé un reportage photo sur le bassin minier et c’est lors de mes balades que j’ai croisé cette jeune fille qui courrait dans le parc : en la voyant, j’ai repensé à moi au même âge et mon enfance m’est revenue.

Fanny Chiarello – Oui, tout à fait, ou plutôt un journal de bord vu que je m’intéresse aux détails et que je les note au quotidien.

Fanny Chiarello – Je ne crois pas à l’inspiration, je suis nourrie par l’observation du quotidien et émerveillée par ce que je vois et j’ai envie de rendre compte de la densité de l’espace terrestre. Ici, c’est une rencontre furtive qui m’a tout d’abord donné envie d’écrire un roman, « Le sel de tes yeux »* où je confie mon adolescence à cette même joggeuse.

Fanny Chiarello – C’est compliqué car j’ ai envoyé une lettre à sa mère (avec le journal qui présentait l’exposition) pour lui demander l’autorisation de l’exposer mais je n’ai eu aucune réponse. Je crois finalement que c’est mieux comme ça… imaginez qu’elle soit homophobe !

Fanny Chiarello – Près de 8 heures par jour.

Fanny Chiarello – Je faisais une liste avec les mots clés et ensuite, je les mettais en vers mais je les modifiais souvent, très souvent !

Fanny Chiarello – Je n’aime pas faire comme tout le monde et je ne voulais pas respecter les règles rigides de la ponctuation française…même si je le fais dans mes romans.

Fanny Chiarello – Non, je n’en avais pas conscience, je pensais que c’était une lecture légère : je le sais depuis que je fais ces ateliers avec des classes mais je me dis que si on ne comprend pas tout, il reste un peu de mystère et donc on a envie d’y revenir. C’est comme dans les relations humaines, je préfère les gens qui gardent un peu de mystère que ceux qui sont sans surprises.

Fanny Chiarello – J’y pense quand j’écris pour les ados ; là, je prends en compte que les publics ne sont pas habitués à lire, donc j’écris avec une “ponctuation parfaite” mais j’ai toujours aimé chercher des mots dans le dictionnaire, donc j’insère beaucoup de mots peu connus ou désuets et des références culturelles (ciné, musique…) : le lecteur est libre de faire ses recherches pour en savoir plus.

Fanny Chiarello – Non, j’ai une blessure profonde par rapport à ce parc : j’y suis repassée une fois et il y avait plein d’hommes fluos qui étaient en train d’abattre les arbres de l’entrée pour en faire un parking. La première photo ne serait donc plus possible aujourd’hui, comme celle de la maisonnette (page 108) qui a été détruite, tout comme le mini golf qui était envahi par la végétation et qui est maintenant interdit d’accès (page 78).

Fanny Chiarello – Je suis anti-spéciste : pour moi, un arbre n’a pas moins de valeur que l’espèce humaine. La planète n’est pas à moi, le rapport de domination au vivant est tellement barbare… Pourquoi abattre un arbre en pleine santé ? Surtout pour faire une piste cyclable au bord de laquelle on plante des arbres qui mettront des dizaines d’années à se développer.

*Le sel de tes yeux, L’Olivier, janvier 2020